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7.8.18

Les journaux en ligne : le meilleur et le pire

Bien des personnes suivent les nouvelles, lisent les journaux sur Internet.

Les agrégateurs de journaux comme je vous en ai présentés dans "Suivre toute la presse avec Revue de Presse" permettent de parcourir des articles synthétiques de nombreux journaux sans être obligé de télécharger et de manipuler une application par journal.
Ce qui ferait une quantité énorme d'applications à télécharger et à manipuler.

Pour aller plus loin dans la lecture d'articles complets, pour ne plus être matraqué par la publicité, il faut passer aux abonnements payants. (Remarquons que les agrégateurs de journaux donnent un accès complet à ces journaux quand on y est abonné).

Si la demande de journaux sur Internet est forte, l'offre est-elle au niveau en termes de quantité et de qualité ?

Comment se fait la mutation que j'ai décrite dans "Des journaux imprimés à la presse sur internet" ?



Mutation énorme, déplacement des lecteurs du papier vers les écrans, comment ont réagi les éditeurs de presse


La presse imprimée, les journaux papier ont dû muter vers internet en version numérique. 

Cela ne se fait pas sans mal. 


Dans mon article "Des journaux imprimés à la presse sur internet" ?, je constate, dans mon autre blog "ET NOTRE MONDE DEVIENT NUMÉRIQUE", que les éditeurs de presse ont des réactions les plus diverses :

  • certains ont anticipé en proposant de véritables éditions numériques, conçues pour les écrans aussi différents que ceux des smartphones, des tablettes ou des ordinateurs.
  • à l'inverse, d'autres se contentent du service minimum. Ils publient des scans de leurs journaux en PDF sans prendre en compte l'ergonomie dont leurs lecteurs ont besoin pour lire sur écran ces éditions faites pour le grand format papier.
Or, sans investissements pour recréer une vraie édition numérique, la publication telle quelle des articles imprimés est un repoussoir qui risque de condamner bien des journaux.



Quelles sont les appréciations des lecteurs de presse sur Internet ?


Comme pour les autres applications, les abonnements à la presse, sous Android, se font sur le magasin d'applications de Google, le Google Play.

Si on consulte les avis publiés dans le Google play, les plaintes sont nombreuses :


Beaucoup de plaintes concernent la gestion des abonnements et l'accès aux journaux qui est refusé à de nombreuses personnes qui payent leur abonnement.

Beaucoup de plaintes également pour des bugs, des plantages des applications qui sont apparemment mal adaptées à tous les modèles d'appareils. 

Des appréciations défavorables se réfèrent au contenu. Ces avis ne nous concernent pas ici puisqu'ils seraient identiques pour une version imprimée du même journal.

Enfin, beaucoup de protestations s'expriment contre la mauvaise ergonomie de trop de journaux.
Des lecteurs des versions imprimées n'arrivent plus à lire leur journal sur l'écran.

Voici ce qu'ils en disent :
  • Les PDF obligent à déplacer le texte et à zoomer et dézoomer pour le lire, c'est franchement inacceptable. De plus les PDF prennent énormément de place mémoire et consomment beaucoup de données en téléchargement.
  • les articles devraient être proposés avec une mise en page adaptée à l'écran de l'appareil mobile et facile à feuilleter
  • les sommaires doivent permettre une navigation intuitive entre les titres
  • les paramétrages de l'application doivent permettre le stockage des données sur la carte d'extension microSD de l'appareil mobile. (Ce qui est très rare)
  • les articles peuvent n'être que consultables en ligne. Ce qui est dommage, car sans liaison internet, impossible de les lire. L'avantage est qu'ils ne prennent pas de place en mémoire.
  • les articles peuvent être enregistrables à volonté pour pouvoir être lus hors ligne. Mais, dans ce cas, les enregistrements doivent être automatiquement effacés au bout d'un certain délai, éventuellement paramétrable (une semaine par exemple) pour ne pas saturer la mémoire.
  • les applications doivent gérer correctement leur mémoire de travail pour ne pas la saturer (ce qui est la moindre des choses !)


Une édition sur écran n'a rien à voir avec une édition imprimée sur papier


Il semblerait que la presse écrite, déjà en difficulté dans son activité imprimée, ne se donne pas toujours les moyens de travailler sur une "vraie" version numérique. 

Il ne suffit pas de faire défiler dans une application des scans des pages de son journal pour prétendre avoir fait une édition numérique !

De même pour les tablettes qui doivent faire l'objet d'une étude différente.

Les formats des livres électroniques .epub et .azw3 sont adaptés aux liseuses, et s'adaptent aux tablettes, mais mal aux smartphones.


Il est clair que le travail de mise en page effectuée pour la version imprimée d'un journal ne peut servir pour la version web. 
Le travail d'édition et de conception d'une application adaptée aux mobiles est indispensable.

Apparemment, beaucoup de journaux font semblant de ne pas le savoir ?Pas surprenant qu'elles provoquent autant de mécontentement !

J'ai essayé de quantifier ce mécontentement :


Pour me faire une idée, j'ai pris le chiffre des plus mécontents dans les appréciations du Google Play, ceux qui donnent la plus basse note par rapport au nombre total d'avis :

Le Monde en PDF (21 %), Ouest France (17 %),  Sud Ouest (17 %), Nord Eclair (18 %), La Voix du Nord (17 %), Figaro Le Kiosque (en PDF)  (16 %),  Le Point (6 %), Le Figaro (6 %), Le Monde (4 %) , Libération (38 % !!!!!), Le Parisien (33 % !!!), L'Express (7 %), Matinale du Monde (1%)

Que penser de ces chiffres ?


Ils ne sont pas faciles à interpréter. Ils concernent aussi bien les problèmes de gestion d'abonnement, d'opinion sur les contenus que proprement d'ergonomie des applications.

Pour autant, en parcourant les avis, on est consterné par l'amateurisme et l'improvisation de ce qui est proposé par trop d'applications.

Les formats affichés ne conviennent pas à l'écran.
Les systèmes d'enregistrement des articles doivent être gérés de façon ergonomique et pratique pour ne pas encombrer inutilement la mémoire.

Enfin, le désamour des utilisateurs peut aussi venir d'une incompréhension des différentes formules et de leurs utilisations.

Certaines éditions sont des réussites, car elles ont été conçues depuis le début pour les écrans d'appareils mobiles 


Un format particulier présentant une sélection d'articles en quantité limitée a un grand succès sur mobile 

La matinale du Monde, par exemple, est l'application qui ne recueille que 1% de mécontents.
C'est, en effet, un modèle de simplicité, d'efficacité et d'adaptation à la lecture sur mobile.

Elle propose, comme un jeu de cartes, dans un premier temps, les articles à télécharger pour les lire hors ligneLa gestion est automatique.

Lancée en 2015, son succès a été immédiat. (« Le Monde » lance sa Matinale, une application mobile du matin"). Aujourd'hui encore 1% de mécontents est un score impressionnant comparé aux 6 % ou 7 % des meilleurs scores des autres publications)

Évidemment, une Matinale est une sélection d'articles en nombre réduit. Ce n'est pas un journal complet qui ne peut être géré de la même façon. C'est un produit particulier, complémentaire aux éditions complètes du journal.

Des journaux ont conçu des éditions spécifiques avec des mises en page adaptées 


Pour prendre en exemple les journaux les plus lus, Le Figaro et Le Monde proposent des éditions électroniques de leurs journaux.

Bien conçues, elles obtiennent des appréciations assez bonnes. Le nombre 
de mécontents est respectivement 6 % pour Le Figaro (comme Le Point) et 4 % pour Le Monde .

Les mêmes journaux ont sorti des éditions "Kiosque", en PDF, qui sont très mal accueillies


Ces éditions appelées "Kiosque" pour Le Figaro ou "Le journal" pour Le Monde beaucoup moins d'utilisateurs (seulement 1 à 2 % des utilisateurs de la version "normale").

Il s'agit pour ces versions de publier telle quelle, en PDF les pages imprimées du journal.

Là où nous avons vu que la version "normale", conçue pour les écrans, a du succès, les versions PDF affichent des taux de mécontentements les plus importants : Figaro Le Kiosque (en PDF)  (16 %) et Le Monde en PDF (21 %).

Pourquoi des utilisateurs, même s'ils sont peu nombreux, se plaignent de l'édition en PDF alors que leur abonnement leur permet d'utiliser l'autre édition conçue pour le web ?

Est-ce par méconnaissance de l'utilisation des fichiers PDF au maniement si difficile sur mobile ?

Certains commentaires pour des éditions de presse régionale refusent l'édition conçue par le web parce qu'elle planterait sans cesse. Evidemment, dans ce cas, aucune solution n'est valable !

En conclusion, quand les éditeurs de presse conçoivent des applications performantes pour les écrans mobiles, ils ont du succès


Les éditions PDF, même quand elles sont proposées en complément de l'édition "normale", sont très mal jugées.

Enfin, certains journaux ne se sont pas donnés les moyens, ou n'ont pas pu, et les résultats sont exécrables. Leur survie est en cause puisque cette transition numérique est irréversible et ne peut que s’accélérer.

Déjà très critiques, les lecteurs vont certainement affûter leurs choix et leurs exigences au fur et à mesure de leurs expériences et de leur information.
Je souhaite que cet article y contribue.

J'accueillerai avec reconnaissance et grand plaisir vos avis et vos questions.
pierre.rene654@gmail.com