Avez-vous, comme moi, entendu dire qu'un mail avec pièce jointe = une ampoule allumée pendant 1 heure.
Même s'il n'est pas précisé si l'ampoule est LED ou non, ni sa puissance, c'est assez effrayant et intimidant.
Et la suite des dénonciations est encore pire !
Qu'il y a-t-il de vrai ?
Que devons-nous faire ?
S'interdire d'utiliser Internet et pourquoi pas l'électricité ?
Les changements sont tellement rapides qu'on en perd ses repères.
Avez-vous besoin, en plus des difficultés pour "s'y mettre", de subir ces intimidations, ces culpabilisations ?
C'est vrai. Il ne faut pas faire n'importe quoi sur Internet comme avec vos mails, vos documents.
Mais les "solutions" malthusiennes ne résolvent rien.
Mon premier ressenti est bien la culpabilisation.
Le monde entier bascule dans le numérique et moi, je me sentirais malfaisant en envoyant mes mails ?
Tout le monde ne peut profiter d'Internet
La démocratisation d'Internet et des smartphones ne permet pas automatiquement d'en profiter.
Et cela touche "aussi bien les plus jeunes que leurs aînés".
La société de sondage YouGov souligne que :
- 13 millions de personnes sont perdues et décrochées par le numérique
- Les jeunes sont aussi touchés que les autres : " Le mythe des jeunes qui auraient des facilités quasi innées en matière digitale est donc mis à mal par ces résultats."
Le gouvernement investit 250 millions d'euros pour recruter 4.000 conseillers numériques pour aider et former les personnes en difficulté.
Mes activités : blog, lettres, maintenant échanges spontanés par Telegram, formations, conférences ont pour objectif de permettre de progresser en continu sur le long terme.
Ce qui est plus difficile quand les aides sont ponctuelles, les interlocuteurs interchangeables, les formations discontinues et pas toujours appropriées...
Mais qu'est-ce que cela à voir avec le gaspillage d'électricité par Internet ?
Vous avez raison.
Cela paraît hors sujet.
À moins que les reproches de gaspillage soient, en fait, eux-mêmes incongrus et bien mal venus sinon démagogiques.
En tout cas, ils sont très malfaisants pour les personnes crédules déjà en difficulté numérique.
Mais reprenons les accusations de gaspillage en compte pour y répondre sérieusement.
Alors gaspillage ou pas ?
Le cas extrême du bitcoin
Une des utilisations les plus consommatrices d'énergie du monde numérique est certainement la Blockchain qui est une technologie de transmission sécurisée d'information autocontrôlée.
Cette technologie qui consommerait autant que l'Argentine est utilisée pour gérer les monnaies électroniques, dont le Bitcoin.
Si l'accusation d'une surconsommation électrique à chaque mail est absurde, une accusation plus fondée et largement partagée dans les milieux techniques et scientifiques est l'énorme consommation d'énergie de la blockchain et en particulier de son utilisation pour "miner " (c'est-à-dire beaucoup de calculs pour assurer sa gestion sécurisée) le Bitcoin.
Voici un article qui dérange "Bitcoin, monstruosité énergétique ? L’explication magistrale de Satoshi Nakamato n’a pas pris une ride en 10 ans".
L'inventeur du Bitcoin met en balance l'utilité du bitcoin :
"Le minage de l'or est un gaspillage, mais ce gaspillage est bien moindre que l'utilité d'avoir de l'or comme moyen d'échange.
Je pense qu'il en ira de même pour Bitcoin.
L'utilité des échanges rendus possibles par Bitcoin sera bien supérieure au coût de l'électricité utilisée.
Par conséquent, ne pas posséder de Bitcoin serait un gaspillage manifeste."
Cette argumentation repose sur la défense de l'utilité du Bitcoin.
Je ne me lancerai pas sur ce sujet n'ayant aucune compétence en la matière.
Mais que ce soit pour le Bitcoin où pour toute autre monnaie numérique ou matérielle, il parait logique d'évaluer les consommations à leur utilité et non seulement en elles-mêmes.
Internet et le monde numérique sont en plein développement
10 à 15 % de l'électricité mondiale, le 3e consommateur juste derrière la Chine et le USA !
Même si les GAFAM affichent leur volonté de passer à 100% d'énergies vertes rapidement.
Alors ?
L'utilité du monde numérique vaut-il cette consommation ?
Quel effet sur la terre et le climat ?
Comment évaluer la consommation électrique d'un mail
Or quand on évalue ("De la consommation électrique d’un email") la consommation des mails, on constate que les affiches de sensibilisation sont invraisemblables. (1 mail avec pièce jointe = 1 ampoule allumée 1 heure !).
Plus sérieusement, l'auteur de cet article très documenté calcule qu'un mail de 2Mo (donc très volumineux !) qui est transmit en 5 secondes de la Californie à l'Europe (distance maximale) :
"En additionnant le coût énergétique du transport et celui du traitement de l’information, envoyer un email nécessite donc 136,5 joules, soit 5 pour 1000 de la consommation d’une heure d’ampoule LED, ou 20 secondes de lumière".
Et combien coûterait la même communication par des moyens traditionnels, dont la lettre postale par avion ? !!!!
Les limites des comparaisons nouveaux moyens <--> anciens moyens et nouveaux gaspillages
Bien sûr, la facilité d'envoi et la non-facturation des mails font qu'on en envoie sans limites.
Constatons que plus de la moitié du trafic Internet est assuré par des Spams !
Moitié gaspillage !
Cela ne vous rappelle rien ?
Ne serait-ce pas, au moins, la part de gaspillage des aliments distribués. Et encore plus par rapport aux produits alimentaires fabriqués.
Quand le numérique aide la lutte contre le gaspillage
Heureusement des efforts sont faits pour réduire ce gaspillage alimentaire, justement avec l'aide du numérique :
et "10 sites anti-gaspi à ne pas rater" et bien d'autres sites, applications, plates-formes d'entre-aide.
Alors, prôner la rigueur dans les petits gestes quotidiens même symboliques ne sert à rien ?
Oui et non.
Oui. Comme sensibilisation pour ne pas faire n'importe quoi et considérer les ressources comme limitées et à recycler.
Mais se limiter à ces gestes symboliques sans s'attaquer aux problèmes parait bien infantilisant, hypocrite et démagogique.
Les petits gestes symboliques prônés deviennent tellement ridicules qu'ils desservent leur cause.
L'exemple de l'eau : des croyances simplistes aux réalités
On apprend aux petits enfants à ne pas laisser couler inutilement l'eau du robinet ou de la douche.
Très bien.
Cela peut, en premier lieu, diminuer la facture d'eau.
Et l'écologie ?
Oui. Surtout dans les périodes de sécheresse heureusement de durée limitée en France. Le réchauffement climatique accélérant ce problème.
Mais hors ces périodes de sécheresse ?
À la fin d'une conférence donnée au Palais de la Découverte, j'ai questionné le conférencier sur le sujet.
La réponse était aussi limpide que son exposé sur les cycles de l'eau et ses pollutions : "l'eau qui sort du robinet, hors un coût financier pour vous, ne disparaît pas.
Elle est recyclée.
Seuls les produits domestiques et industriels qui les sont ajoutés posent des problèmes de plus en plus graves et difficiles à résoudre.
Sans compter les pesticides de l'agriculture qui font que beaucoup de nos rivières n'ont plus aucun poisson".
Le site waterlogic explique : "Comment protéger nos ressources en eau ?".
L'eau est une ressource vitale et les conséquences de la déshydratation sont terribles dans le monde.
Chapitre qui nous intéresse ici le plus : "Les raisons de la raréfaction de l’eau" :
- le changement climatique
- la pollution de l’air et de l’eau
- les demandes du marché de l’eau (on pense aux cultures très grandes consommatrices d'eau, aux consommations de Las Vegas en plein désert ou des pays du Golfe)
"Que pouvons-nous faire pour être utiles ?"
L'article insiste encore sur
- l'importance de la qualité de l'eau
- de la lutte contre les agents polluants
- et surtout la limitation de l'usage des bouteilles en plastique
Les fuites d'eau sont quand même citées comme source de gaspillage (ouf !), mais seulement les fuites de chasse d'eau.
Les arrosages des jardins devraient privilégier l'eau de pluie recueillie.
Faire ce tour d'horizon des problèmes de l'eau et revenir à la consigne de refermer rapidement son robinet quand on se lave les dents peut être vue avec plus de recul.
Pour être crédible, il ne faut pas être simpliste pour l'eau, comme pour les consommations électriques d'Internet.
À l'échelle individuelle, des actions sans conséquence ou des actions réorientant des modes de consommation et de vie
Consommer un peu moins et mieux, c'est vertueux mais les conséquences sont limitées tant que cela n'a pas effet en avalanche.
Les transports en commun réduisent de 71% l'impact carbone des mêmes déplacements en voiture individuelle. (Étude "Transportation Research Part D: Transport and Environment")
Le vélo élimine 14% des émissions de CO² par rapport à la voiture.
Par contre, l'utilisation des vélos à la place des voitures entraine des changements de voirie, des aides à l'équipemement de vélos et en conséquence, un engouement croissant.
Dans ce cas, l'effet d'avalanche est réel : les changements individuels qui sont des micros changements provoquent, en cascade, de macros évolutions, de réels changements dans les modes de vie et de consommations.
Les émissions de gaz à effet de serre sont :
- pour le vélo, 30 fois inférieures à celles d'une voiture thermique
- et 10 fois inférieur à une voiture électrique
Ces effets en chaîne permettraient de réduire de 8% ces émissions causés par le trafic routier.
Quelles sont les pratiques vertueuses dans le monde numérique :
Rationaliser vos stockages de données numériques
Disque dur |
Je crois plus à l'utilité de bien ranger et gérer vos données pour :
- bien les utiliser
- ne pas les perdre
- préserver leur confidentialité
Laisser le désordre s'installer dans vos copies et sauvegardes de documents, musiques ou vidéos ont beaucoup de conséquences négatives pour vous, en plus du gâchis et la surconsommation électrique.
Organisez-vous avec des plans rigoureux et suivis pour être efficaces
N'improvisez pas dans l'utilisation de vos supports de stockage et dans le Cloud.
Établissez des plans logiques et rigoureux. Puis respectez-les scrupuleusement.
"15 astuces pour optimiser sa consommation de papier" (J'ai vu des personnes faire tourner leur imprimante pour "économiser" Internet !).